© 2013 MICHAEL LEVY

Paris — Rue Crémieux

 

J’ai trouvé cette jolie rue de Paris au hasard de mes recherches durant le mois d’août 2013.

Cent fois j’étais passé devant sans l’apercevoir : elle est toute proche de la gare de Lyon.

Une rue atyp­ique, unique par sa mor­pholo­gie, l’unité de ses maisons et les couleurs que l’on y trouve.

Une vieille dame pleine de vie (80 ans), habi­tant la mai­son qui fait l’angle depuis 42 ans m’a raconté son histoire.

La rue Crémieux n’était qu’une banale rue du XIIe arrondissement.

Comme beau­coup de rues du quartier (XIe et XIIe), on y trou­vait toute sorte d’artisans et même une imprimerie clan­des­tine dans les sous-sols de laque­lle on imprima le jour­nal l’Human­ité pen­dant la guerre.

Dans les années 80, la mairie de Paris a ordonné — comme partout ailleurs — le goudron­nage de la rue pavée pour faciliter la cir­cu­la­tion des voitures et camions.

La rue avait une chance : de nom­breux pro­prié­taires, et parmi eux, des gauchistes, soix­an­tu­itards, révo­lu­tion­naires se sont unis.

Le matin du goudron­nage (il était tôt), le camion arriva bien fumant de mélasse, mais les habi­tants sont tous sor­tis, en robes de cham­bre et pyja­mas, pour se met­tre en tra­vers de la route.

Leur  Tian’anmen à eux.

Non seule­ment ils ont réussi à garder leur pavés, mais ils sont aussi obtenu la pié­ton­ni­sa­tion de la rue, aujourd’hui devenu havre de paix dans un quartier bruyant.

Le plus éton­nant tient surtout aux couleurs très vives des façades.

La dame m’expliqua qu’un des pro­prié­taires lança la chose en peignant sa mai­son en vert, les autres sont suivi, cha­cun choi­sis­sant une couleur différente.

Au milieu des maisons on trouve un petit hôtel qui répond au doux nom de “L’Hôtel Mignon”.